Dans un théâtre du XVIIe siècle
Entrons, à la suite du public, dans un théâtre parisien au XVIIe siècle, dans l'après-midi.
Selon la somme que vous souhaitez débourser, vous pouvez rester
debout au parterre, au milieu des cris et des bousculades, ou chercher
plus de tranquillité dans les loges et galeries. Mais n'espérez pas vous
asseoir : les premières chaises ne seront installées qu'en 1782, à
l'Odéon. Seuls quelques riches privilégiés peuvent profiter des
fauteuils installés à même la scène, pour (mal) voir mais être vu ! Le
théâtre est en effet, plus qu'un lieu de culture, une occasion de
rencontres et de parade. Les spectateurs, de tous les milieux, ne
restent à aucun moment silencieux mais préfèrent partager leurs
commentaires sur les décors et costumes.
Il faut dire que tout est fait pour le plaisir des yeux : le décor,
unique pour répondre à la règles de l'unité de lieu, est soigné, et
souvent agrémenté d'effets de machineries impressionnants ; généralement
propriété personnelle des comédiens, les costumes peuvent être
somptueux, en soie et taffetas, sans souci des possibles anachronismes :
qu'importe que le romain Cinna apparaisse en pourpoint Renaissance?
Tout cela est éclairé tant bien que mal avec des bougies disposées
sur des lustres ou sur la rampe, le long de la scène. Cet éclairage
présentait deux problèmes : tout d'abord, il fallait moucher les bougies
toutes les 20 minutes, ce qui obligeait les auteurs à diviser leurs
pièces en actes pour instaurer une pause. Ensuite, les costumes
risquaient de s'enflammer, ce qui provoqua la mort de plusieurs
danseuses au XIXe s. C'est pourquoi, dit-on, les tutus furent
raccourcis.
Rien de naturel également dans le jeu des acteurs, qui aimaient
pratiquer une diction pleine de lyrisme et grandiloquence. Molière se
moqua de cette déclamation, préférant que ses comédiens s'approchent de
la vérité de leur personnage.
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